Claudine,
est une fille sage. Du haut de ses dix-neuf ans, elle suit assidûment
ses cours, révise longuement le soir, sort peu. Une fois par mois,
pas plus. Elle rejoint alors ses amies d’amphithéâtre dans un
bistro, puis après quelques discutions ponctuées d’éclats de
rire, les filles vont en discothèque. Elles dansent, boivent un peu
et parlent beaucoup. Certaines de ses copines draguent ou se laissent
dragué. Elle imagine bien que cela finit souvent sous une couette,
mais elle, cela ne l’intéresse guère. Les jeunes hommes, elle ne
fait que les regarder. Plus tard, pas maintenant. Après les études,
estime-t-elle, c’est mieux, c’est plus simple. Mais surtout,
Claudine est réservée. Elle l’a toujours été. Alors s’aventurer
dans un amour simplement lui fait peur. Plus tard, toujours plus tard
se rassure-t-elle.
Pour
autant, le désir est en elle. Il l’assaille par moments puis se
fait oublier pendant des jours entiers. Depuis qu’elle ne vit plus
à Toulouse chez ses parents, depuis le bac, c’est plus simple.
Dans ses quelques mètres carrés, le soir venu, il lui arrive de
compenser sa solitude. Et elle a trouvé son petit point faible, une
mise en scène qu’elle renouvelle à chaque fois.
Une
fois rassasiée, elle prend méthodiquement une douche, vers dix
heures. L’eau l’a purifié, elle s’embaume de l’odeur du
savon. Elle essuie sa peau avec attention, puis enfile une robe de
chambre à la texture duveteuse. Sa décision est alors prise, elle
sait ce qu’elle va faire, exactement. Elle l’a noué autour de sa
taille et sort de la salle de bain. Son petit manège commence alors
dans l’unique pièce de son logement. Claudine récupère dans
l’armoire les trois oreillers qu’elle a en surplus et les pose
méticuleusement sur sa couette. Un lit simple : un matelas
étroit posé sur quatre pieds, pour des nuits solitaires. Puis elle
va chercher sa psyché accolée contre l’armoire. Un haut miroir à
l’encadrement ancien, posé sur trois pattes. Il est lourd, elle le
traîne lentement jusqu’au centre de la pièce.
La
scène est prête. Claudine est déjà tout émoustillée à l’idée
de ce qu’elle va faire, son petit caprice inavouable. Elle se fige
devant la glace et se contemple. Le jeu coquin démarre, son petit
secret à elle. Ses doigts commencent par son visage, ils glissent
dessus, sa peau contre sa peau, son petit nez retroussé. Elle est
belle et le sait, son visage est pur, un petit menton discret, de
grands yeux au regard naturellement tendre. Elle étire sa chevelure,
avec délicatesse. Claudine profite de chaque geste, elle écoute son
corps, rien que son corps. Ses mains longent son cou, descendent sur
son buste recouvert. Elle se regarde, elle s’observe se caresser.
Et l’instant arrive, celui de la fausse découverte. Elle écarte
lentement le haut de sa tenue nocturne. Le tissu est si doux, qu’elle
frissonne en le sentant frôler la pointe de ses seins. Son buste
apparaît dans la glace. Une poitrine ronde aux formes parfaites, aux
boutons érigés. Elle la regarde comme si c’était la première
fois, ses doigts s’aventurent autour sans oser y toucher, comme si
sa pudeur l’en interdisait. Puis ses paumes deviennent plus
entreprenantes, désireuses d’en découvrir la fermeté. Elles
s’aventurent sur ses seins rebondis, les caressent comme des objets
fragiles. Claudine soupire. Le miroir lui renvoie son image, celle
d’une jeune femme se laissant aller à ses désirs les plus
secrets. Ses doigts s’aventurent, contournent ses pointes brunes,
gonflées. Ils se rapprochent, les effleurent délicatement,
s’étonnent qu’ils soient si sensibles.
Claudine
avait préparé l’ambiance. Une heure auparavant, elle avait tourné
le thermostat, anticipant la sensualité de la soirée. Un radiateur
en fonte placé sous l’unique fenêtre diffuse en continu ses
calories. Il fait chaud, trop chaud. Rien de plus normal.
Elle
dénoue la boucle de la lanière. Un petit déhanchement et son
ventre apparaît, plat jusqu’aux nombrils. Elle s’amuse avec les
pans de sa robe de chambre, cache son sexe d’un côté, dévoile sa
nudité de l’autre. Sa silhouette, ses fesses rondes, elle les
devine par instant, lorsqu’elle écarte suffisamment le tissu. Un
petit jeu qui la trouble, se découvrir sans se voir, s’imaginer
nue.
C’est
un fait, Claudine sait qu’elle n’a besoin de personne pour sentir
le désir grandir en elle. Il lui suffit de son propre reflet, de la
vue de son corps pour que ses joues s’enflamment, pour que son cœur
s’accélère. Peut-être l’envie d’être contemplé dans le
plus simple appareil. Mais sa pudeur l’en retiendrait, jamais elle
n’oserait se déshabiller en public.
Ses
mouvements deviennent plus amples, sa tenue de moins en moins
occultant. Lorsque son sexe apparaît furtivement dans la glace, elle
frissonne. Son bas-ventre vient mourir sur une toison fine, une bande
de boucles bombée par ses lèvres. Qu’elle manque de discrétion,
se disait-elle à chaque fois. Cela ne cache rien, peut être que
cela ne sert à rien non plus ? Comment ferait-elle la première
fois pour ne pas rougir, celle où l’on doit se dévoiler devant
son petit ami ? On ne voit que sa fente, rien d’autre. Une
ligne sombre qui s’enfuit entre ses cuisses. Du coup, Claudine
regrette parfois de ne pas être une brune, une fille qui masque tout
dans une forêt obscure.
Mais
non, elle est belle ainsi, et finalement, en ce moment, cette vision
impudique l’excite plus qu’autre chose. Sa robe de chambre glisse
le long de son dos et s’étale sur le sol. Elle est nue,
entièrement nue devant sa psyché. Ses mains s’aventurent,
caressent sa peau, son ventre, ses cuisses, ses fesses. Elle évite
son sexe, le contourne, elle ne veut pas s’aventurer à lui donner
du plaisir. Pour faire durer plus longtemps. Son souffle s’accélère,
elle sent le désir s’intensifier. Il l’assaille, son ventre lui
rappelle qu’il est maintenant temps, que l’orgasme viendra de
lui.
Alors
Claudine saisit le miroir, elle le fait pivoter vers le bas. Sa
position doit être parfaite, elle la vérifie scrupuleusement, puis
s’installe sur le lit. Les oreillers l’enveloppent de douceur et
maintiennent son dos. La position est confortable, à moitié assise,
les jambes allongées sur la couette. Mais surtout, la psyché ainsi
orientée lui renvoie son image, celle d’une jeune femme se
préparant au plaisir solitaire. Elle s’observe encore, puis fait
glisser ses mains le long de son ventre jusqu’au pubis. Claudine
s’aventure entre ses cuisses serrées, du bout des doigts
uniquement. Leur contact sur son sexe la fait gémir pour la première
fois. Son cœur s’emballe, son ventre lui brûle. Elle caresse le
contour ses lèvres gonflées, parcourt sa fente sans y pénétrer.
Faire durer, le plus longtemps possible pour accroître le désir,
pour que le plaisir soit encore plus puissant. Puis Claudine fixe son
image, le regard rivé sur son ventre, elle écarte les cuisses. Elle
s’observe, son excitation croit en découvrant son sexe offert à
ses mains. Elle s’ouvre de plus en plus, ses lèvres s’écartent,
son clitoris apparaît. Un petit bouton doré sur laquelle elle pose
son index. Il est humide, elle joue avec, le caresse tout en douceur.
Claudine s’enflamme en se masturbant, elle gémit, se tortille sur
son lit. Ses mains ne se contrôlent plus, ses doigts s’aventurent
dans sa fente. Elle est trempée. Alors elle l’ouvre, offre
l’intérieur de son sexe à son regard. L’entrée de son vagin
luit d’humidité, son indexe s’en rapproche, glisse autour en
parcourant de petits cercles, comme s’il hésitait encore à
s’aventurer dans ses entrailles. C’est par là qu’un jour, un
homme fusionnera avec elle, mais Claudine n’y pense pas. Son
souffle est saccadé, bruyant, elle gémit en sentant l’orgasme si
proche.
Et
à l’instant où son doigt s’enfonce en elle, la jouissance
ébranle tout son corps.
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