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vendredi 12 septembre 2014

La collocataire









    Allongée sur son lit, Lucie tourna la page de son roman. En ce dimanche d’octobre, depuis le réveil, la pluie crépitait sur les fenêtres de son appartement parisien. Pas question de sortir, il n’y avait rien d’autre à faire qu’un peu de cocooning. L’étudiante en droit n’était pas seule à vivre dans ce trois-pièces, et pour cause, elle n’aurait pu supporter son loyer prohibitif.
       Depuis la semaine précédente, Clara avait pris place dans la seconde chambre. Une étudiante aussi, en maîtrise d’Allemand.
     Les deux jeunes femmes s’étaient observées, avaient évalué leurs caractères mutuels, s’inquiétant pour cette nouvelle cohabitation. Elles étaient très différentes, presque opposées. Lucie était issue d’une famille bourgeoise du Poitou. Derrière une longue chevelure blonde et soignée, son visage aux grands yeux noisette affichait un calme et une grande discrétion. Pas très grande, elle suivait assidûment ses cours à la faculté sans se faire remarquer ni s’intégrer dans un quelconque groupe de fêtards. Pourtant, de nombreux regards se posaient sur elle. Sa silhouette svelte, son visage d’ange semblaient faire fantasmer plus d’un étudiant.
      La porte s’ouvrit et Clara apparut, une petite trousse de toilette rose à la main. Lucie, surprise, s’empourpra. Elle n’appréciait guère cette intrusion, d’autant qu’elle était restée en sous-vêtements. Une culotte blanche au contour de dentelle, et un soutien-gorge assortis. Ses préférés.
Tu bouquines, fit remarquer la jeune femme. J’ai fini ma douche, veux-tu un massage ?
Un massage ? répondit Lucie interloquée par cette proposition.
Oui, je suis une vraie spécialiste ! Si tu savais le nombre de filles qui m’en demande, il paraît que je suis très douée pour relaxer !
      Lucie n’eut pas le temps de refuser, d’évoquer sa pudeur naturelle qui allait à l’encontre de cette proposition : sa colocataire était déjà assise sur le lit, si proche d’elle, et avait extrait de sa trousse une fiole de liquide couleur or. D’un geste vif, elle dénoua la bretelle du soutien-gorge puis laissa couler un peu d’huile dans le dos de la jeune femme.
Tu fais cela souvent ? demanda Lucie pour combler ce silence qui la gênait.
Plus que tu ne peux le penser, répliqua-t-elle joyeusement.
     Ses mains étaient particulièrement douces, une vraie caresse qui fit frissonner Lucie. Elle n’avait jamais laissé ainsi son corps à une femme, même pour un simple moment de relaxation, et ce qui lui avait paru dans un premier temps fort impudique s’avérait de plus en plus agréable. Clara était vraiment douée, cette belle brune à la coiffure de garçonne et au regard noir savait mettre en confiance et offrir des sensations étonnantes de douceur. Lucie fondait doucement sous ses doigts, son corps se laissait aller, comme si elle n’avait plus d’emprise sur lui. Lorsqu’elle sentit que sa colocataire baissait l’arrière de son slip, ce qui aurait dû la faire bondir de honte à l’idée d’exhiber ainsi ses fesses, elle se laissa pourtant faire. Sa peau lui brûlait. Les paumes qui parcourait ses hanches, s’aventuraient sur ses rondeurs, glissaient le long de sa colonne émoustillant tous ses sens. Son sexe s’engorgeait progressivement d’une humidité qu’elle ne savait contenir.
Retourne-toi maintenant, lui demanda-t-elle d’une voix remplie d’assurance.
    Lucie s’exécuta comme un pantin, avec la sensation de n’avoir plus d’emprise sur ses décisions. Le plafond blanc en guise de paysage, cela changeait radicalement de la tapisserie rayée qu’elle observait précédemment pendant que Clara s’occupait d’elle. Son cœur s’accéléra, elle dut retenir son souffle pour dissimuler le désir qui la submergea lorsque la jeune femme se mit à lui masser les seins. Arrondis et fermes, ils étaient une réelle source de jouissance et les doigts de Clara s’éternisaient sur leurs pointes durcies. Jamais, jamais elle n’aurait cru pouvoir se laisser faire ainsi par une fille qui finalement était presque une inconnue.
Non, lui dit doucement Clara sentant sa retenue, ne retient pas ton plaisir, laisse-le s’exprimer pleinement.
Je… se n’est pas si simple bafouilla Lucie qui s’était redressée et mal à l’aise, réalisait que l’avant de son slip ne couvrait plus l’intégralité de son sexe. Le haut de sa toison bouclée, fine et claire se retrouvait à l’air libre, tout comme l’amorce de sa petite fente intime.
Ferme les yeux alors, concentre-toi sur mes doigts, ta peau sans penser a rien. Voilà, comme cela ajouta-t-elle en sentant Lucie se détendre.
        Elle qui était pourtant si timide, si pudique. Même lorsqu’elle sortait le samedi soir de son cours de gymnastique rue Vaugirard et se retrouvait dans le vestiaire, Lucie était une des seules à ne pas prendre sa douche en commun avec les autres filles. Elle allait masquer sa nudité dans une cabine individuelle.
         Et pourtant, Lucie s’abandonna pleinement en l’entendant, sa vue se voila d’un masque noir, elle ne pensait plus qu’à ces mains qui faisaient croître son désir. Elle se laissa aller à gémir de plaisir, sentant en elle la jouissance croître. D’un geste rapide, Clara lui retira son slip, dernier masque qui la protégeait de la nudité intégrale, puis s’aventura à lui masser les cuisses, toujours tout en douceur. Progressivement, elle les écarta.
        Un bourdonnement fit sursauter Lucie.
Non… tu ne vas pas faire cela… ? protesta-t-elle sans grande conviction.
Cela fait partie du massage, si tu veux être parfaitement relaxée, il le faut aussi.
     Lorsque le sexe artificiel s’aventura à l’entrée de son vagin, renvoyant ses vibrations dans son intimité. Lucie gémit en guise d’acceptation. Elle le sentit s’enfoncer dans son ventre, épais, long à n’en plus finir. Lucie se tortillait sur le lit, maintenant le vibromasseur enfoncé au plus profond d’elle, avec une envie de jouir comme elle ne l’avait jamais ressenti auparavant ou plutôt l’envie que sa colocataire la fasse jouir.
Maintenant, garde le bien en toi, je vais détendre tes muscles, chercher les points de crispation. Et cela, jusqu’à ce que tu atteignes l’orgasme.
         C’est ce qu’elle fit, elle s’acharna sur sa nuque, ses omoplates, malaxant les zones les plus tendues, alors que Lucie se tortillait sur le lit, suffocant en sentant le plaisir l’inonder, la jouissance s’approcher si vite. L’orgasme lui fit l’effet d’une tornade, son corps enflammé sembla pris d’une convulsion, sa bouche lâcha un cri perçant de bonheur.

Jamais elle n’avait ressenti cela auparavant.

Jamais elle ne s’était sentie aussi détendue.



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