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mercredi 10 septembre 2014

La boutique



Philadelphie les avait éblouies. Ces larges avenues, le Philly Capital Building, un immeuble imposant et pourtant à l’architecture si raffinée, la City hall. Mais ce qui les impressionna le plus, ce fut la quantité de boutiques. Comme la plupart des filles de vingt ans, les magasins de vêtement étaient un centre d’intérêt majeur. Et là, il y en avait tant qu’elles ne savaient plus dans lesquels entrer. Elles en avaient fait des dizaines, ne sachant pas combien exactement. Alice et Claudine s’étaient amusées comme des folles. Essayage de robe, Jeans et maillots, elles n’avaient pas cessé de la journée. Ressortant souvent les mains vides, elles se précipitaient en riant dans la boutique suivante.
Une journée qui les combla au point où elles reportèrent leur départ de 24 heures pour recommencer dès le lendemain. Ce n’était pas un problème. Leur prochaine étape, Washington, était desservie quotidiennement par les cars.
Cette fois-ci, plus question de motel. Elles avaient opté pour un confortable hôtel en plein centre de la vieille ville. Une vieille maison de quatre étages, pourvue d’une trentaine de chambres. Durant le copieux petit déjeuné, Claudine avoua son programme de la journée :
  • J’ai vu trop de fringues géniales hier… C’est décidé, je me lâche aujourd’hui !
  • Tu vas faire chauffer la carte bleue ? répondit Alice avec malice.
  • Oui, tant pis, je me priverai un peu dans l’année. Mais là je craque.
Elle avait les yeux qui pétillaient de plaisir en y pensant.
  • Moi, aussi, admit Alice, je crois que je vais succomber…
  • Comme dans les bras d’un mec trop mignon ?
  • Oui, répondit Alice en riant, mais je vais me contenter du bikini vert d’hier et peut-être aussi la jupe que l’on a vu.
  • La rayée ? Elle était géniale ! Approuva Claudine.
Elles avalèrent rapidement leur café, pressées de faire leurs emplettes. Dès la porte de l’hôtel refermée, Claudine stoppa sur le boulevard.
  • Qu’est-ce qui se passe ? demanda son amie
  • Il y a que l’on n’aura jamais assez le temps de tout faire. Puisqu’on sait ce que l’on veut chacune, on devrait se séparer.

Alice approuva, c’était effectivement la meilleure solution. Elle partit donc seule sur les traces des magasins qui l’avaient tant attirée. Elle reconnut la grande enseigne qui éclaboussait l’avenue d’une lumière rouge intermittente : « CLASAI SHOP ». Le fameux maillot de bain qui l’avait fait craquer. À cette heure matinale, il y avait plus de vendeuses dans la boutique que de clientes. Alice se dirigea vers le présentoir et prit trois tailles différentes, au cas où…
À peine les eut-elle saisis qu’une dame s’approcha d’elle. Une femme d’une dizaine d’années de plus qu’elle, fine et très élégante. Elle était légèrement maquillée, probablement comme toute vendeuse se devait être, mais ce qui interpella le plus Alice, c’était sa coiffure plaquée sur le crane : une couette maintenait ses longs cheveux ondulés, affinant son visage un peu ovale. Elle lui sourit en disant :
  • Je vois que vous savez ce que vous voulez mademoiselle
  • Oui, mais il faut que je les essaie avant.
La vendeuse lui prit la main comme si elle se connaissait depuis l’enfance et l’accompagna dans le fond de la boutique.
  • C’est ici, lui dit-elle en écartant un des rideaux qu’elle referma dès qu’elle fut rentrée.
Alice jubilait en se déshabillant. Elle était convaincue que sur les trois, il y en aurait bien un qui épouserait parfaitement ses formes et avait hâte de se voir dedans.
« Toute nue, se dit-elle, puisque c’est pour un maillot ! » Elle retira sa petite culotte et son soutien-gorge. Le mur de la cabine était couvert d’un miroir qui lui renvoya son image. Alors qu’elle contemplait les petits bouts de tissus tant désirés, Alice sursauta. Le rideau venait de s’ouvrir et la vendeuse entra dans la cabine.
Affolée par l’intrusion, elle plaqua pudiquement ses mains contre son bas ventre pour protéger son pubis du regard indiscret de la dame.
Le cœur d’Alice battait à rompre. Il y avait quelque chose d’humiliant à se retrouver ainsi entièrement nu avec une inconnue. « Mais de quel droit était-elle entrée… ? » pensa-t-elle. Pourtant, la vendeuse ne sembla pas désorientée pour autant, comme si cette pratique lui était coutumière.
  • Alors lequel avez-vous essayé pour l’instant, lui demanda-t-elle ?
  • Euh… Aucun encore ne répondit Alice en essayant de se ressaisir.
  • Bon, et bien nous allons voir pour le « B » dans un premier temps.
Elle lui prit le maillot et passa derrière elle. La vendeuse semblait bien décidée de prendre les choses en mains : elle enfila les lanières autour des bras d’Alice qui se laissa faire. La sensation était si curieuse : Alice n’avait pas l’habitude que l’on s’occupe ainsi d’elle. Et les doigts qui effleuraient sa peau étaient si délicats qu’ils semblaient couverts de velours. Elle frissonna, une sensation étrange de vide envahit son esprit, un désir inattendu de se laisser faire.
  • Pas si mal, commenta la vendeuse en ajustant les bonnets sur ses seins. Mais cela vous serre peut-être un peu ?
Elle glissa une main entre le tissu et son sein droit, pour vérifier. Ses doigts s’éternisèrent, le contournèrent, sa paume effleura son bouton. Alice ne pouvait plus cacher son trouble maintenant. Ses pointes s’étaient durcies d’un désir naissant, la vendeuse ne pouvait que s’en être rendu compte.
  • Je ne sais pas trop répondit Alice, peut-être qu’il faudrait une taille de plus ?
  • Je n’en suis pas sûr, répondit la dame. Levez vos bras que je vois s’il vous tient bien les seins.
Alice s’empourpra en l’entendant. Lever les bras, cela signifiait supprimer ce dernier petit masque de pudeur qu’elle maintenait sur son sexe. Ce n’était rien et beaucoup à la fois, c’était se dévoiler complètement. Elle sentit son cœur s’accélérer et ses doigts quittèrent sa toison pour pointer vers le plafond. Dans le miroir, son corps entièrement nu se refléta. Les bras levés comme s’ils étaient accrochés en l’air, la poitrine masquée par le maillot et son ventre mourant sur ses lèvres bombées à peine voilées d’une pilosité si claire. Elle serra les cuisses pudiquement.
Mais la vendeuse semblait indifférente face à sa beauté dévoilée. Elle réajusta les sangles des bonnets, et commenta :
  • Vous voyez, il vous va très bien, il maintient bien vos seins.
  • Oui, c’est parfait, admit Julia, je vais prendre le maillot qui va avec et c’est bon.
Elle crut un instant que cette phrase suffirait pour voir disparaître l’intruse qui avait découvert son intimité. Mais ce ne fut pas le cas.
  • Il vaut mieux l’essayer aussi, on a parfois de mauvaises surprises, vous savez. Ce serait dommage que vous soyez obligé de revenir pour l’échanger !
Ses mains devinrent soudainement plus entreprenantes. Sous prétexte de vouloir lui enfiler le maillot, elles s’éternisèrent sur ses cuisses, les caressèrent. Alice frissonna sous ses doigts d’une grande douceur. Le bout de tissus s’arrêta en court de chemin, il n’atteint jamais ses hanches et retomba au sol. La vendeuse était trop préoccupée par les jambes d’Alice, ses doigts courraient dessus, remontaient doucement vers ses fesses. Julia ferma les yeux et ne put retenir un soupir de plaisir.
Ce fut le déclic pour la belle blonde à la couette. Elle partit à la découverte de sa peau, de ses hanches et les enlaça. Les sens affolés par toutes ses caresses, Alice, les yeux fermés se pinçaient les lèvres pour ne pas gémir de plaisir. Son sexe était enflammé de désir, elle ne savait plus ce qu’elle faisait, où elle était. Elle ne pensait plus qu’à son ventre qui appelait à d’autres vertiges, encore plus osés, encore plus intimes. Elle pria un instant pour que l’inconnu le fasse. Oui, elle voulait, elle ne pensait plus qu’a cela.
Elle ouvrit les yeux et se vit, entièrement nue dans la cabine d’essayage, à l’instant même où la jolie blonde accolée dans son dos aventura sa main droite dans son entrejambe.
Cette fois-ci, Alice ne put retenir un petit cri de plaisir. « Vas-y, oui, rentre en moi… » Espérait-elle. Et pour l’inciter, elle écarta les cuisses, lui offrant une voie royale.
La vendeuse n’avait plus aucun doute sur le bienfait qu’elle procurait à Alice. Le maillot de bain vert était oublié, et c’était bien son envie de jouir qui avait pris le dessus. Visiblement satisfaite de l’effet qu’elle procurait, elle lui offrit ce qu’elle attendait. Ses doigts s’aventurèrent entre ses lèvres bombées, elles étaient trempées de désir, explorèrent sa plus grande intimité. Prise d’un soubresaut de jouissance, Alice s’appuya sur le miroir pour ne pas tomber. Cette douceur qui venait de s’introduire dans son sexe, ses doigts agiles qui le découvrait, allaient de l’entrée de son vagin à son clitoris la rendait folle. Elle se retenait son souffle comme elle pouvait. Soudain, elle entendit dans son dos :
  • Cela vous plaît, mademoiselle ?
Le ton était étonnant, la vendeuse avait gardé tout son sang-froid et posait la question comme une s’il s’agissait de choisir la couleur d’une robe.
  • Oui… c’est bon, avoua-t-elle dans un souffle.
À peine eut-elle répondu qu’elle sentit une pression sur son petit bouton. Assaillie par le plaisir, elle se cambra en émettant un râle de plaisir. Satisfaite de l’effet provoqué, la vendeuse s’acharna sur son clitoris, le malaxa. Alice n’en pouvait plus. Elle gémissait, sans se préoccuper de savoir si cela s’entendait de l’extérieur. L’orgasme s’approchait, elle le sentait venir. « Je vais jouir ici, pensa-t-elle, dans un magasin de vêtement ». Elle ouvrit les yeux à nouveau. Elle se vit entièrement nue avec le visage de la vendeuse qui l’observait en souriant dans le miroir, les jambes écartées en train de s’offrir aux caresses les plus intimes de l’inconnue. L’effet fut foudroyant : un spasme la secoua, embrasant son sexe. Elle poussa un cri alors qu’un puissant orgasme secoua tout son corps.
Alice mit quelque temps à retrouver son souffle. Lorsqu’elle se retourna, il n’y avait plus personne. Le rideau était fermé, ses maillots accrochés à un anneau fixé au mur. Enfin calmée, elle sortit timidement. Les clients étaient déjà plus nombreux dans le magasin. Elle parcourut rapidement les rayons mais ne vit pas la vendeuse entreprenante. Rassurée, elle se dirigea vers la caisse. Alice ressentait un phénomène étrange, elle avait cette curieuse sensation que tout le monde savait. Et pourtant, personne ne s’intéressait à elle. Elle n’était qu’une cliente anodine, et personne ne semblait soupçonner son émoi après l’orgasme torride que la vendeuse venait de lui procurer.


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